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La manufacture des plaines grasses...

J'ai passé à peu près une demi heure, me dit-il, à faire les cent pas devant le portail de la ferme. Le chien avait beau japper son salut matinal, mon père ne m'ouvrait toujours pas. Comme tout bon citadin vacancier qui ne respecte plus ses origines paysannes - quand on n'a jamais travaillé la terre, on évite de faire le malin à ce sujet-là. Donc...-, j'avais encore manqué l'heure où le troupeau s'en retourne à la manufacture des plaines grasse, là-bas, pas loin. Ces prairies communales qu'ici on nomme les prés mouillés. Pas loin, mais là-bas quand même...

Les vaches connaissent le chemin. Elles le connaissent par cœur. Ce sont des animaux faits d'habitudes, les vaches. Leur existence broute et rumine dans un système en circuit très court ou un peu plus long, tout dépend de ce à quoi elles se destinent. Ça sort, à heure fixe, pointer à l'usine à oubli des trèfles et des luzernes. Ça rentre à l'étable, toujours aux environs de 18 h et des poussières, afin que leurs veaux, dont certains ne tiennent pas encore tout fait debout, tètent, pendant qu'une collation de regain ou de fourrage plus ordinaire leur sera servie, à petits secouements de fourche. Et puis ça rumine sur l'absurdité utilitaire d'un monde sous peu promis à l'abattoir. Et puis, enfin, elles s'endorment, bercées par le petit trafic des rats qui trottent leurs humeurs sombres sur les mangeoires...

Je m'en voulais un peu de m'être réveillé bien après les montagnes, déjà en train de balayer les nuages. Il y a des matins où l'on se sent comme un oiseau qui vient tout juste de décider que non, non et non, il ne migrera plus en automne. Des matins où le premier café devrait pourtant vous indiquer la marche d'amertume à suivre, sauf que...On allume une cigarette dont on sait qu'elle finira par se fumer toute seule, en allant se perdre dans la brume qui monte de la route humide. Une odeur de bouse sèche qui emplit l'air...

J'ai passé à peu près une demi heure à faire les cent pas devant le portail de la ferme. C'est à peine si j'ai entendu mon père qui arrivait dans mon dos, juché sur sa vieille bicyclette, un bâton à main droite et son béret toujours vissé tout de travers...

Commentaires

  • Veux faire partie de vos abonnés ! Absolument.

  • Oh...Un grand merci pour ces mots...qui me touchent...beaucoup

  • Blues de vache

    Au cul des vaches, il y avait cette fermière, qui surveillait que ses bêtes donnent toujours du bon lait, du bon beurre et de la bonne crème issus de ses pâturages bio, mais qui ne se donnait pas, à regret. En fait, s'il est toujours plein de promesses rapport au profit, souci majeur dans l'étable, où est la sensualité ? Mais ces gros bestiaux à l’air nonchalant, un côté rabelaisien, peuvent se montrer généreux. Et la vachère doit donner beaucoup de son temps, n’accordant que peu pour son bon temps si elle veut aussi manger à sa faim, ne pas aller à veau l’eau. A 800 m d’altitude environ, La vie n’était pas forcément bleue comme le fromage de ce Vercors. Seules les queues des bovidés tournoyaient au-dessus de sa tête. Où était la méritocratie là-dedans, dans sa tête n’y avait-il rien d’autre à faire si ce n’est que ça occupe les pensées qui sèchent comme les bouses de toute façon. La vie s’engluait dedans. Au cul des vaches, la raison estimait elle rester son alliée, ou sauverait-elle sa peau ? Envoyer paître tout ça...
    5 heures du mat, la nuit s’évadait à nouveau. Etait-elle à l'heure de sa vie comme son troupeau qui repartait au pré ? Mais toujours pas de fièvre…

  • Blues de vache

    Au cul des vaches, il y avait cette fermière, qui surveillait que ses bêtes donnent toujours du bon lait, du bon beurre et de la bonne crème issus de ses pâturages bio, mais qui ne se donnait pas, à regret. En fait, s'il est toujours plein de promesses rapport au profit, souci majeur dans l'étable, où est la sensualité ? Mais ces gros bestiaux à l’air nonchalant, un côté rabelaisien, peuvent se montrer généreux. Et la vachère doit donner beaucoup de son temps, n’accordant que peu pour son bon temps si elle veut aussi manger à sa faim, ne pas aller à veau l’eau. A 800 m d’altitude environ, La vie n’était pas forcément bleue comme le fromage de ce Vercors. Seules les queues des bovidés tournoyaient au-dessus de sa tête. Où était la méritocratie là-dedans, dans sa tête n’y avait-il rien d’autre à faire si ce n’est que ça occupe les pensées qui sèchent comme les bouses de toute façon. La vie s’engluait dedans. Au cul des vaches, la raison estimait elle rester son alliée, ou sauverait-elle sa peau ? Envoyer paître tout ça...
    5 heures du mat, la nuit s’évadait à nouveau. Etait-elle à l'heure de sa vie comme son troupeau qui repartait au pré ? Mais toujours pas de fièvre…

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