Un échec, une claque...
Et je viens encore de vivre
cette nuit
comme si c'était la dernière
des dernières.
Sauf qu'ici, les plafonds
sont hauts
et vous aurez beau dire:
on t'a jamais vu
fouetter un cheval,
comme ça.
Un échec, une claque.
Toutes les nuits
d'aussi courte haleine
sont douloureuses
à force de faire
les poubelles.
On vieillit,
il pleut et quelqu'un- même si,
quelqu'un, je sais, ça risque
de ne pas être assez-,
oui, donc, quelqu'un
devrait pouvoir s'exclamer
sans toutes ces affétéries
qui nous ont tant fait rire,
avant,
juste avant que nos visages
virent, oh allez une dernière fois,
au rouge coq,
juste avant que nos bouches
se tordent en cul de poule...
et regarde-regarde,
chaton,
comme nos vies en pleine dégringolade,
tentent de repartir
en balade,
oui, une dernière fois,
regarde-regarde,
chaton,
comme l’œil du peintre
essaye encore de nous faire croire
qu'un jour,
avant que l'hésitation ne finisse
par gâter son geste,
il va pouvoir retourner vivre
dans l'ancien hôtel
des comédiens ordinaires
du roi.
Regarde-regarde...
On vieillit,
il pleut et quelqu'un
devrait pouvoir nous chuchotter
un truc bricolé à la minute.
Le genre de truc assez
mauvaise graine
mais pas lugubre
au point qu'on se sente
obligé
d'accrocher son étoile
à la première charrue
qui passe.
Un échec, une claque.
Le genre de truc, quelque chose
et à la fin, bien sur, tout devient
du nougat
Ça, par exemple:
Tu es dans ma tête,
tout le temps
et il doit bien y avoir
un moyen
de faire machine arrière...
Et je viens encore
de vivre cette nuit
comme si c'était...
Un échec, une claque.
Et l'orage enfle
comme un mal de tête.
Encore cette actrice
qui revient mettre son nez
à la fenêtre.
Cette fois, voilà, j'ai compris.
A la fin de nos débuts
dans la vie,
c'est comme si
on avait déjà passé l'âge...