1989...
Et demain,
alors,
si vous le voulez
bien,
nous irons
courir.
Transpirer
à grosses gouttes,
pour le meilleur
et pour le pire.
Oh mais mouille
le maillot
ou casse-toi!
Transpirer
parce qu'il fait
soif,
ce soir.
Si vous tenez
vraiment
à le savoir:
atrocement soif,
ce soir.
Oh je crois
deviner
à vos mines faussement
rebelles,
déconfites
et petites bourgeoises
et ça,
au moins,
par ici,
on en est sur;
ah oui,
étriquées
à ne pas croire,
et pour de vrai,
oh oui,
je suppose
vu d'ici,
j'en suis
à peu près certain,
que ça ne vous
dit rien.
Courir,
il faut vraiment
avoir eu soif,
tellement soif
qu'on boirait
la mer et les poissons,
pour faire ça...
Avez-vous seulement
été jeune?
Jeune au point
de croire
à toutes ces fariboles
hédonistes, libérales,
le vilain mot,
je vous l'accorde,
assoiffé et sans lendemain,
la faute, sans doute,
à ce moralisme
de boite nuit.
Oh la nuit.
Toutes ces nuits
qui se brisaient-
mais vas-y,
regarde
tant qu'on tient
encore en l'air.
Regarde.
Le samedi soir, c'est permis.-
toutes ces nuits
qui se brisaient
après le plaisir
des corps.
Oh toutes ces putains
de nuit.
Regarde.
Fouille dans la mémoire
de nos corps.
Sauf tu as peur
de te salir les yeux.
Avez- vous seulement cru,
à l'essai
aplati
en haut style
par Denis Charvet,
le beau Denis,
en finale
du championnat
de France
et tout ça se passait-
mais bien sur,
vous n'étiez pas là-
en 1989?
Avez seulement cru
à ce jeu venu
d'ailleurs,
ce jeu venu du rêve,
cet autre idéal simplifié,
le rêve,
le seul, l'unique,
qu'ici on nommait
le Stade Toulousain?
Bien sur que non.
Vous n'étiez pas là...
L'affaire est entendue
et il me reste
un litre de bière
à vomir,
puisque depuis
que le monde
s'est voulu à tout prix
unanime,
la concurrence
semble
de plus en plus forte
entre le cinéma américain
et le notre.
Je pourrais écrire
que tout ça m'attriste
mais je préfère
revenir
en 1989...