Cette chose blanche qu'on nomme le matin...
Ici commence une histoire
et c'est peut-être l'histoire
de cette chose blanche
qu'on nomme le matin...
Celle ou celui qui a inventé-
"inventé", c'est encore mal dire.
Je sais, je sais. Reprenons-,
celle ou celui
à l'origine de cette histoire
minuscule,
a eu vite fait
d'ouvrir la main-
oh si seulement
vous l'aviez-vu faire.
Si seulement...-
oui, vite fait d'ouvrir la main
pour que toute cette histoire,
une histoire périssable
une histoire à consommer sur place,
une histoire animée d'aucun dessein,
non que dalle, même pas ça,
absolument rien pour la faire
tenir tant soit peu
en l'air,
le genre d'histoire
qui aurait mieux fait
de rester enfermée
à double tour dans sa maison,
oui,
celle ou celui qui a cru malin
d'inventer cette histoire
aurait pu, au moins,
se sauver très loin d'ici avec.
Ou alors nous trancher
les oreilles
juste avant que.
Ou bien, je ne sais pas,
moi...
Ici finit cette histoire
puisque son auteur,
selon toute vraisemblance,
n'a pas voulu l'allonger
démesurément...
(Photo Frédérick Jeantet)
Commentaires
Tu vois Benoit je progresse : même pas eu envie de courir derrière l'auteur pour lui couper les oreilles - a minima - j'accepte désormais que l'histoire reste fugace , qu'elle se déploie tranquillement sans aller au bout et même qu'elle ne commence pas, ni qu'elle ait un milieu ...
Tu as créé un objet fascinant tu sais comme ce tableau de Magritte "ceci n'est pas une pipe " ah non le vrai titre c'est "la trahison des images" ... On se promène dans ta prose comme dans les tableaux de Magritte : c'est sans but mais à l'aventure, on reste "en l'air" , on respire les mots , on est bien ...
Merci du passage, Sylvie...Pour le reste...Mais oui...Ni début, ni milieu, ni fin( je n'ai jamais appris à finir)...enfin, pas vraiment...tu pousses une porte, tu regardes quelques instants à l'intérieur de la pièce...et tu t'en vas, parce qu'il faut savoir partir, quand même...tu t'en vas tout doucement, à reculons...et puis tu refermes la porte, sans bruit...