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Le versant prometteur de la brume

 

Oh mais qu’il me semble loin le temps où je pouvais secouer les nuages d’un simple coup de tête. Très loin. Trop loin. Il n’y a pas de mot pour tout et la vie, plus j’y pense, oui la vie a cessé depuis longtemps de fréquenter la beauté. L'a-t-elle jamais fait, d'ailleurs? On nous ment. Les complots sentent mieux que personne de quelle manière nos journées évoluent...Les complots, me dit-elle...On nous ment, me dit-il...

J’en étais là. A considérer mon existence comme un grand blessé dans les parties basses. J’en étais là quand le serveur s’est avancé. J’entends encore sa voix qui se fige. Sa voix qui se fige juste avant l'orage, qui se fige comme n'importe quel musée de l'histoire du folk à l'usage des vieux dentiers - et des moins jeunes, aussi- mais oui, lapin, des vieux dentiers de la littérature, la grande, celle qui n'a jamais su rouler les r, mais vous refermera toujours la porte au nez sans même que vous ayez eu le temps de sentir le piège. La voix de ce serveur qui se fige et bientôt glisse- glisse-glisse sur le versant prometteur de la brume. Glisse sa voix qui aimerait se fêler comme un complexe d'abandon. Oui mais pas ce soir. Oui mais non...

Triste horizon. Au troisième ciel, en partant de la gauche, ta bière viendra cailler au jabot de ce lundi. Nous parlons bien d'un lundi aussi mal réveillé qu'on sait. Pathologie baroque de ce monde. Mort brutale d'un entraîneur de rugby. Il s'agit de l'entraîneur de l'équipe du Munster.  Je n'ai pas envie d'en apprendre d'avantage...  

Tu m’as donné rendez-vous dans cette brasserie qui sert à toute heure du jour et de la nuit. Ton coup de fil était si soudain que j’aurais du me douter. Me douter que l’amour, depuis longtemps, cachait son vrai visage. Oui, j’aurais du me douter…

Tu as poussé la porte avec lassitude. Et alors j’aurais du…Ta façon de pousser cette porte comme à regrets, oui, j’aurais du me douter. Oublié le monde où régnait en maître absolu ton sourire. Tu m’as adressé un de ces bonsoirs poste restante....et déjà ta voix sonnait creux, endormie, occupée ou au travail... Le temps que tu t’asseyes de trois quarts, même pas en face...c’était comme si notre histoire venait de perdre sa petite part de sacré. Mais après tout qu’importe, l’insouciance ne dure qu’un temps. Et pour les promesses et la confiance, les rêves suspendus, oh mais de grâce, n’oubliez jamais que la lucidité, petit à petit, ça vous tue…

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