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  • Utopie éphémère

    Je fume une cigarette

    et c'est là

    au coin d'une cheminée

    quand le feu aimerait

    marcher enfin

    avec cette utopie

    éphémère

    qui fait bouillir

    le sang des bêtes

    Je fume une cigarette

    et au dehors

    brutalités de la nature

    et nouveaux sons des villes

    tout le monde

    voudrait être au coeur

    de l'action

    Je fume et si ça se trouve

    je suis déjà mon propre

    loup-garou dans ma maison

    J'ai cinquante ans 

    Je me suis fait à cette idée

    de faire enfin mon âge

    quand la fiche de service

    de ce matin

    indique comment vers midi trente

    et de quelle manière

    brutale

    le soleil sera bientôt conduit

    sur la lande

    aux seules fins d'y être

    étranglé...

     

    Benoit Jeantet

     

  • Les maillons lestes d'un souvenir

    Nos pas s'enfoncent dans la neige

    comme les maillons lestes

    d'un souvenir

    revenu vous gratter un peu

    la peau

    Nos pas craquent dans la neige

    et il y avait du soleil

    comme un vieux rêve en fuite

    au-dessus des toits

    le jour où je me foutais

    éperdument

    qu'une de mes chaussettes

    soit morte noyée

    dans le lac en sueur

    de mes après ski...

     

    Benoit Jeantet

  • Mieux qu'une langue morte

    Que chacun s'occupe

    de sa jeunesse

    tant qu'on me laisse

    m'occuper

    de la mienne

    La vie chante

    les distances

    pour moi

    Et c'est comme ça

    d'Est en Ouest

    Les montagnes survivent

    par la seule grâce

    de ces lumières

    élémentaires et animales

    où passé et présent

    basculent

    au moment de se lier

    dans les humeurs

    d'une cérémonie rituelle

    Les ruses du renard

    avec beaucoup de vent

    à la place des mots

    qui ne se risquent plus

    les doigts

    sous la règle de l'espace

    et du sel

    Le recours quasi magique

    aux terreurs ancestrales

    et le vent qui vous creuse

    l'estomac

    mieux qu'une langue morte

    Les montagnes mènent toujours

    au tableau d'affichage

    Un jour je sais bien

    qu'il me faudra

    laisser mes lèvres

    revenir vivre

    mortellement embrassées

    à leurs refuges

    tristes

    comme la glissade

    d'une truite arc en ciel

     

    Benoit Jeantet