Une fresque comme on les aime...
Je retrouve la ville
Ses grâces sordides
me percent
Sa beauté trouble
m'éblouit
comme un soleil après
que le repos et l'abstinence
aient raffermi ma main
Je retrouve la ville
qu'on ne quitte jamais
vraiment
Je laisse loin derrière moi
les yeux de la nuit
qui me regardent
sans la moindre expression...
Je retrouve la ville
qu'on n'abandonne pas
qui me dit que c'est
si beau la vie
alors j'aimerais savoir
comment je m'y prendrais
pour vivre
Je retrouve la ville
comme on s'empresse
de secouer sa vieille
carcasse d'os
dans une fresque comme
on les aime
Je retrouve la ville
je renoue
avec un tremblement de terre
mais encore
avec la vieille harmonie
et aussi pour faire en sorte
que le monde d'avant
et même celui
dont nos rêves accoucheront
peut-être dans un bruit
de barbecue compliqué
ou va savoir
dans des cris de joie
à réveiller l'âme
des presque morts
qui jonchent les trottoirs
de l'ombre
Oui va savoir
puisque on ne sait rien...
Je retrouve la ville
afin de recevoir à nouveau
son sourire
entre mes doigts écartés
comme les bras d'un ruisseau
à sec
auquel il tarde
que la terre lui rouvre
son cœur mouillé de pluie
Je retrouve la ville
avant que la triste
chaleur d'homme mort
d'un nouveau départ
rallume l'ombre
et la poussière...