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Westerns Miniatures (2)...

Visité enfin cet abri, tu sais, lapin…

De retour chez nous, après des jours et des jours de chevauchée. Des nuits de bivouacs d’étoile en étoile. Enfin chez nous, donc, où l’existence tourne plus ou moins autour d’un troupeau de vaches et de quelques champs de maigres profits. Le lait aussitôt tiré, là-bas tu sais, il te pèse sur l’estomac. Oui. Un peu de lait comme ça, même chez nous, c’est encore trop pur.

Les cloches sonnaient dans le gris bleu des bois de bouleaux quand je suis revenu au village, lapin. J’ai fini la route à pieds. Le cheval n’a pas survécu à ma vocation d’aventurier par tous les temps. J’ai dû l’achever d’une balle. L’amour est pur, lapin. L’amour est aussi pur qu’un peu de lait de là-bas, alors j’ai mis ma main sur les yeux du cheval. Pour pas qu’il ait le temps de voir venir, tu sais. D’avoir peur, lapin. Je ne suis pas assez cruel. Là-bas, ils disent toujours qu’il faudra bien, tôt ou tard, que je me tanne un peu le cœur. Que je me cuirasse le front contre l’écorce des frênes. Que je m’abreuve plus souvent au sang des bêtes…

…où elles viennent se reposer une dernière fois, toutes nos forces mortes…

 

(Extrait de Westerns Miniatures, fragments parus en 2014 dans la revue Ce qui reste...)

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