...
22h37. Et je sèche sur ce truc, me dit-il, comme une pauvre serviette de bain moisie. Mais je suis jeune et j'ai tendance à marcher rapidement pour aller là où je veux aller. Je ne vais jamais très loin mais, moi au moins, j'y vais. Je fais des tas de choses comme ça, j'accomplis des taches et des travaux automatiques, sans me rendre compte de ce que je suis vraiment en train de faire. Des taches et des travaux automatiques comme: tomber amoureux d'une actrice en ayant l'impression de répondre à un questionnaire. Apprendre à respirer au rythme de la petite blessure narcissique qui va bientôt avec. C'est ça. Je suis jeune et ça ne va pas durer. L'arrière-salle mélancolique, pour en savoir plus, rendez-vous au prochain épisode...
23h00. Il y a eu cette lumière, me dit-il, et c'était ce matin-là, à Lyon. Un dimanche matin d'octobre. Et j'avais dormi en écrasant mes poings sur l'idée inextricablement romantique d'une nuit calme aux faux airs de serre malgache et c'était après avoir usé, entre potes mais avec modération, de notre petit droit d'inventaire et voyez comme, parfois dans l'existence, on peut passer de la cuisine au matelas d'une chambre d'ami sans plus se soucier de ces ombres-cheveux de brouillard facile et lèvres pulpeuses jusqu'à l'horizon d'une infinie salope- qui vous traquent et même loin de chez vous, à votre âge faut-il être sot pour croire encore en la possibilité de quelque rédemption à la sauvette, oui, parce que ces ombres trouvent plus facile d'aborder ces choses-là, hors les murs de votre petite routine...