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Dix foisle soir a cherchéce moment oùà nouveauil pourrait se dressercomme une digueDix foisle soir a poséson visage dansla paume de ma mainDix foisJ'ai hôché la têteavec tristessetandis que le ciels'essuyait les yeuxDix foisje lui ai ditd'une voix doucequ'il aille versersa colèredans un autre coeurBenoit Jeantet
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Le bruit de fond des nuages
Le pouvoir de souffle
et le bruissement de feuilles
de cette époque violente
toi tu t'en contrefous
La version urbaine moderne
de l'écho incapable de parler
aux oreilles d'un monde
trop effrayé par
le bruit de fond des nuages
depuis toujours
tu leur préfères
la douce fureur des fauves
Une manière d'étendre
la sphère d'influence
des vieux dimanches
Encore une fois tes yeux
dansent avec la lune
et pourtant le jour
se lève
dans cette demi-mesure
où les averses brusques
sont trop occupées
à recoudre la bouche
des fantômes
Il y a comme ça chaque
dimanche
que le printemps s'acharne
à défaire
l'idée de tes lèvres
s'entrouvrant sur le cylindre
creux des récentes découvertes
de la science du commentaire
que le soleil aspire
il y a comme
un animal féroce
dont les désirs varient
au gré de la chaleur torride
et des géles constantes
Benoit Jeantet
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Tous les matins...un rhinocéros
Ce matin ressemble
à une mexicaine échouée à Paris
Je sais que tous les matins
mes yeux croisent
ceux d'un rhinocéros
partis faire du cabotage
dans la tête de quelqu'un d'autre
Ce matin imagine sa vie
comme du verre brisé
de la brume des terres
qui traîne en longueur
autour des premiers pollens
Ce matin imagine une âme
après une tempête
qui creuse les distances entre
la jeunesse et les mardis
comme les rides d'un couple de vieux
sur le pont supérieur
d'un bateau de croisière
Benoit Jeantet